Journal de Bord
Château de Fougeret, France
6 – 8 octobre 2024
En collaboration avec le commissaire Jaroslaw Lubiak
Chef opérateur Edouard Lemiale
Production Galerie Albarran Bourdais
Et avec le soutien de la commissaire Chiara Markov

 

L’on dit souvent qu’un lieu garde la mémoire de ceux qui l’ont traversé. Les maisons hantées font partie de notre imaginaire commun et nombreuses sont les histoires qui font référence aux
présences spectrales dans des châteaux et des maisons. De la ville de Corliano en Italie, qui a inspiré l’écrivaine Mary Shelley pour la création de son personnage Frankenstein, à l’habitation coloniale « Zévallos » qui serait hantée par les fantômes des esclaves noirs massacrés avant l’abolition de l’esclavage en 1848, en passant par les fameux manoirs en Angleterre, où l’on organise des véritables circuits touristiques consacrés aux fantômes. Cette fascination pour ces êtres sans substance et sans matière dépasse notre esprit cartésien avec lequel on avait cru pouvoir enterrer l’inexplicable.

Avec ce nouveau projet intitulé Haunted House, l’artiste Angelika Markul, souhaite partir à la rencontre du Château de Fougeret, considéré comme le château le plus hanté de France. L’objectif de l’artiste n’est pas d’interroger la véridicité de l’histoire, mais d’explorer la mémoire du lieux — l’intérieur du château et les reliques qu’il comporte, ainsi que la nature qui l’entoure. Il s’agit ici de faire resurgir, à travers des lents et silencieux plans séquences, l’invisible qui se cache dans cette ancienne batisse et ainsi tenter de révéler ce qui échappe à la simple considération rationnelle. « Le spectral, ce sont ces autres, jamais présents comme tels, ni vivant ni morts, avec lesquels je m’entretiens » affirmait Jacques Derrida. Dans son film, Angelika Markul souhaite s’entretenir avec ces « fantômes », tisser des liens et échanger entre passé et présent, nature et artifice, oublie et mémoire. En choisissant le médium de la vidéo, l’artiste retourne sur l’origine de l’art cinématographique qui, depuis toujours, nous parle de fantômes car, lui aussi, n’est que pure apparition. L’image est une trace qui se répète et dans cette répétition nous retrouvons la pulsion de mort qui est aussi pulsion de hantise et de revenance.