La mémoire des glaciers.
Installation vidéo, COALITION, la Gaîté Lyrique, Paris, 2024.
Commissariat : COAL
En contractant l’espace et le temps, Angelika Markul nous rend témoins de l’effondrement progressif, soudainement transposé à notre échelle, de l’immense glacier Tierra del Fuego, situé à l’extrême sud du continent américain, entre l’Argentine et le Chili. Cette mer d’eau gelée de près de 17 000 km2, archipel aux 16 000 glaciers, troisième calotte glaciaire au monde, est aujourd’hui emportée par le réchauffement global du climat. Ce phénomène touche tous les géants blancs du monde qui ont perdu 9 600 milliards de tonnes de glace au cours des cinquante dernières années, contribuant à eux seuls pour 25 % à 30 % de la hausse globale du niveau de la mer.
Également témoins de la scène, plus d’une centaine de visages de cire nous entourent, comme autant de fantômes du peuple amérindien qui ont habité la Terre de Feu durant douze mille ans avant d’être décimés par les colons européens. Par cette tentative d’archivage de vies majestueuses devenues fragiles, l’artiste devient gardienne de La mémoire des glaciers, de la vibration des lieux, du souffle des vivants. Face à face, l’extinction des civilisations et l’effacement des paysages résonnent ensemble, les traditions ont fondu et les glaciers s’éteignent. Restent, au milieu, entre passé et avenir, nos présences ébahies et, malgré tout, l’espoir de pouvoir inverser un jour la liquidation du vivant.
Angelika Markul, La mémoire des glaciers, 2017-2024
Installation vidéo, musique de Côme Aguiar
Film, couleur, son, 10 min 51 s, en boucle, images 3D, 2017
et 180 sculptures de cire, pièces uniques, 2023-2024
© Marc Domage